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Le rôle des médias en démocratie

  • Arnaud Del Socorro
  • 30 août
  • 4 min de lecture

 « Tout ce qui est excessif est insignifiant ». Ainsi parlait Talleyrand, grand diplomate français de l’époque napoléonienne. Figure perfide, opportuniste mais relevant aussi du génie, il nous annonçait déjà la tempérance nécessaire à toute action pour toute entreprise. C’est l’écho parfait à notre société actuelle consumériste d’informations relayées quotidiennement par les médias. Afin de se mettre d’accord sur les bases du sujet, un média, c’est un moyen de diffusion naturelle et technique permettant la communication d'une manière unilatérale ou multilatérale dans un échange d’informations.


© Envato / Zinkevych_D
© Envato / Zinkevych_D

               Mais alors, serait-il possible que le trop-plein d’informations d’actualité nous envahisse jusqu’à faire perdre le sens premier étant l’information en elle-même ? Les médias sont en effet omniprésents dans le paysage numérique et influencent grandement l’opinion publique, donnant le ton à la société, et donc le rythme à ses individus pour penser. Malgré la diversité des modes de communication de l’information entre chaînes de télévision, journaux papiers ou numériques, podcasts, chaînes de radio ou encore à travers le cinéma, le citoyen se retrouve souvent dans le même schéma. Il trie l’information et sélectionne seulement ce qui l’intéresse le plus ou tout du moins ce qu’il croit l’intéresser le plus, se retrouvant à se nourrir d’une information quasi-unilatérale dans son traitement s’alignant presque toujours avec ce qu’il pense…


          Mais est-ce le rôle premier des médias que de nous conforter dans notre schéma de réflexion ? Justement, la circulation de l’information ne devrait-elle pas être politiquement neutre dans un premier temps pour répondre véritablement à son devoir premier étant d’informer l'individu ? Cependant, la neutralité n’existant pas en politique et la liberté d’expression détenant une place d’honneur en démocratie, elle ne peut non plus être muselée. Pourtant, la censure voire l’autocensure des journalistes eux-mêmes sème le doute quant à la possibilité de s’exprimer sur de quelconques sujets de peur de choquer ou de réduire l’audience dans le public disponible… C’est ainsi que la guerre des audiences est lancée entre médias privés et médias du service public. Tandis que chaque chaîne télévisé ou de radio, chaque journal voire même média sur les réseaux sociaux penche inévitablement d’un côté comme de l’autre de l’échiquier politique, par pure conviction ou par simple opportunisme suivant les tendances, de nouveaux médias autonomes ou indépendants voire même des médias de masse se développent et bousculent le champ médiatique tout entier. De là se pose la question du financement de ces médias, entre fonds d’investissement publics ou privés, avec l’intermédiaire de milliardaires au sein de grands groupes d’influence. L’opinion publique devient alors le terrain de jeu pour diffuser ses idées et contrôler la pensée... Trois formes de tyrannies des médias s’installent dans les mœurs. La première est la tyrannie du scoop ou du buzz jouant sur un flux d’informations continu toujours plus sensationnel pour capter l’attention. La deuxième est la tyrannie de l’émotion mettant en scène les victimes de la société pour attiser la compassion en nous. La dernière est la tyrannie de la rentabilité transformant l’information en profits personnels pour rester compétitif au cœur du champ médiatique nébuleux. Même les moyens mis en place pour contrôler les médias et éviter tout débordement tyrannique à l’instar de l’ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) ou du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) sont critiqués voire critiquables. Alors, même en démocratie, pas de modèle parfait, surtout lorsque ses principes fondamentaux à l'instar de la liberté sont menacés... encore faut-il s’en rendre compte à temps…


         C’est pourquoi, face à la montée de la polarisation des médias, rejetant la nuance en faveur de l’idéologie, la responsabilité pour s’informer est aussi et avant tout individuelle. Chaque citoyen a non seulement le droit mais le devoir de penser par lui-même en faisant preuve d’esprit critique et d’ouverture intellectuelle pour ne pas s’enfermer dans ses préjugés mais au contraire sortir de sa zone de confort individuelle pour gagner en finesse de raisonnement et en compréhension du monde qui l’entoure. La démocratie, du grec demos le « peuple » et kratos le « pouvoir », se définissant comme « le gouvernement du peuple pour le peuple et par le peuple » pour reprendre la célèbre formule de l’ancien Président américain Abraham Lincoln, le citoyen doit se rendre maître de lui-même pour se gouverner soi-même et vivre avec les autres. Être éclairé soi-même et par soi-même est la meilleure défense face aux démarches propagandistes relayées dans les informations.


                Comme l’écrivait si bien Robert Sabatier, « Écrire, c’est lire en soi pour écrire en l’autre ». C’est pour cela précisément qu’Agora se lance dans cette démarche nouvelle, en sortant des sentiers battus, pas seulement pour informer mais au-delà même décrypter l’information pour apporter des points de vue variés aux débats d’actualité. Plus qu’un simple média autonome, l’objectif est de pousser plus loin le débat et d’inclure votre avis, l’avis de chacun et chacune pour nourrir les idées et les perspectives d’amélioration. Les journalistes ayant la responsabilité de relayer l’information pour qu’elle soit aisément accessible à tous selon le principe démocratique d’égalité devant l’information, Agora s’impose comme un indispensable pour suivre l’actualité…


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