La peine de mort face à Robert Badinter : La panthéonisation d’un défenseur de l’humanité
- Arnaud Del Socorro
- 16 oct.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 oct.
Entré au Panthéon le Jeudi 09 octobre 2025 au cours de la cérémonie du 44e anniversaire de l’adoption de la loi pour l’abolition de la peine de mort, Robert Badinter s’aligne avec les plus grands noms ayant traversé les siècles. Le Panthéon, situé à Paris, représente le lieu rendant hommage aux hommes illustres, portant l’inscription « Aux grands Hommes la patrie reconnaissante ». L’entrée au Panthéon récompense donc les plus grands Hommes porteurs de leurs valeurs avec conviction inspirant des générations après eux. La peine de mort c’est une peine capitale c’est-à-dire qu’elle mène à l’exécution d’un coupable d’une faute capitale condamné par la justice. Mais, comme vous l’aurez compris, avant de faire un point sur la question de la peine de mort perçue dans l’opinion publique française et même dans le monde, il est important de revenir à l’homme qui a fait basculer les mœurs français en pointant du doigt la responsabilité de la justice face à la vie humaine.
Alors, qui était Robert Badinter et quelles valeurs défendues lui valent sa panthéonisation ?

R. Badinter : Un attachement profond aux valeurs de la République
Robert Badinter (1928-2024), homme politique, juriste et essayiste français majeur du XXe siècle, est très attaché, comme Sénateur socialiste, au respect de l’Etat de droit en démocratie. Ancien garde des Sceaux sous François Mitterrand, il est connu pour être l’initiateur du projet de loi visant à l’abolition de la peine de mort en France, alors qu’à l’époque la majorité de citoyens français étaient encore favorables à cette peine. Il s’impose rapidement comme une figure de la défense humaniste pour la paix et la dignité humaine. Il propose notamment l’instauration des peines non privatives comme les travaux d’intérêt général pour délinquants.
Robert Badinter participe également à l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) et va même jusqu’à mener des missions de sécurité internationale à l’ONU (Organisation des Nations-Unies).
Il milite ainsi pour des valeurs universelles démocratiques et libérales, défendant le modèle d’un « Droit plus juste » et d’une « Justice plus humaine ».
Pour résumer sa pensée, son Discours à l’Assemblée nationale du 17 septembre 1981 le montre parfaitement :
« Parce qu'aucun homme n'est totalement responsable, parce qu'aucune justice ne peut être absolument infaillible, la peine de mort est moralement inacceptable. […] Demain, vous voterez l'abolition de la peine de mort. Législateur français, de tout mon cœur, je vous en remercie. »
La question de la peine de mort : une opinion publique toujours divisée malgré l’absence de réels débats
De nos jours, si l’abolition de la peine de mort est presque acquise partout dans le monde, des pays notamment situés en Asie du Sud-Est ainsi qu’au Moyen-Orient poursuivent cette pratique. En effet, 15 pays dans le monde appliquent toujours la peine de mort. Pour cela, la Chine est le principal pays bourreau avec plus de 1000 exécutions en 2024 tandis que 9 condamnations à mort sur 10 sont faites dans trois pays du Moyen-Orient : l’Arabie Saoudite, l’Irak et l’Iran.
En France, si l’abolition de la peine de mort semble être un acquis incontestable, d’après les sondages d’opinion (cf. Statista), 49% de la population française début 2025 est pourtant favorable à son rétablissement, un score en hausse ces dernières années. Le débat est donc toujours ouvert dans les mentalités à défaut de l’être dans les médias. D’ailleurs, point très intéressant, d’après le Centre d’observation de la société, les citoyens français interrogés directement dans la rue répondent majoritairement s’opposer à la peine de mort alors que les réponses obtenues via Internet semblent au contraire montrer l’inverse, recevant une majorité de réponses en faveur du rétablissement de la peine de mort. Simple hasard ou comportement sociétal volontaire ?
En attendant, il paraît très peu probable que la question de l’abolition de la peine de mort suscite une réelle remise en cause, tellement elle est devenue une caractéristique essentielle des démocraties libérales, à l’exception des États-Unis puisque certains États américains acceptent toujours la peine de mort et à l’exception de l’Inde si la nation est bien classifiée comme libérale. Sauf si des partis politiques français très influents décident de s’emparer de la question pour rompre avec les habitudes républicaines, auquel cas les cartes peuvent être rejouées, même si un tel scénario est peu probable au vu du contexte actuel…
Sources :
Gouvernement, 2025, L’entrée au Panthéon de Robert Badinter [en ligne]. Disponible sur : https://www.info.gouv.fr/actualite/l-entree-au-pantheon-de-robert-badinter [consulté le 12/10/2025].
Assemblée Nationale, 2025, Robert Badinter (1928-2024), conscience de la République [en ligne]. Disponible sur : https://www2.assemblee-nationale.fr/static/evenements/badinter/biographie_robert_badinter.pdf [consulté le 12/10/2025].
Amnesty International France, 2025, Peine de mort : dans quels pays est-elle encore appliquée ? [en ligne]. Disponible sur : https://share.google/jeFdOxx6HhWFtK3Hn


