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La guerre froide des semi-conducteurs : Le monde au bout d'une puce

  • Etienne Domercq
  • 6 sept.
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 15 sept.

Oubliez le pétrole ou l'or ; le nouveau nerf de la guerre n’est même pas visible à l’œil nu : les semi-conducteurs. Ce sont les cerveaux minuscules qui animent toute notre technologie. Plus ces puces sont complexes, plus elles rendent nos appareils – des smartphones aux missiles – puissants et intelligents.


Mais leur fabrication est le processus industriel le plus exigeant de la planète, réclamant des décennies d'expertise et des investissements colossaux. Rattraper un retard est donc quasiment impossible à court terme. Et c'est là que la géopolitique mondiale bascule.


© Petr Kratochvil
© Petr Kratochvil

Taïwan : l'île au cœur de la tempête


Le centre névralgique est Taïwan, avec son géant TSMC, le fournisseur indispensable des puces les plus fines du monde. Cette maîtrise quasi monopolistique est surnommée le "bouclier de silicium" : représentant l’idée que sa dépendance protège l'île d'une invasion chinoise, car un arrêt de sa production mettrait l'économie mondiale à genoux. C'est précisément cette technologie que la Chine convoite pour accélérer ses ambitions impérialistes.


États-Unis contre Chine : la guerre des puces


Face à cette concentration de pouvoir, une guerre froide technologique s'est engagée.


Les États-Unis sont à l'offensive pour contenir la Chine et sécuriser leurs propres chaînes d'approvisionnement. Pour cela, Washington a mis en place des sanctions drastiques, interdisant à la Chine l'accès non seulement aux puces de pointe, mais aussi aux technologies de conception (majoritairement américaines) et aux machines de fabrication les plus avancées. En parallèle, via son "CHIPS Act", l'État américain injecte des dizaines de milliards de dollars en subventions pour relocaliser la production sur son sol, en rentrant notamment à hauteur de 10% du capital d’Intel afin de les inciter à construire de nouvelles usines.


La Chine, de son côté, est engagée dans une course effrénée à l'autosuffisance. Seul face au reste du monde et malgré des investissements colossaux, le chemin est ardu. Le blocus américain sur les technologies clés la maintient, pour l'instant, un cran derrière.


Les autres acteurs pris au piège


L'Europe n'est pas en reste. Elle détient une clé maîtresse avec l'entreprise néerlandaise ASML, qui possède le monopole des machines de gravure les plus sophistiquées au monde. Ce n'est pas un pouvoir de commandement, mais un levier d'influence crucial, bien que souvent exercé sous la pression de son allié américain. Des pays comme la Corée du Sud (avec Samsung) ou le Japon (fournisseur de matériaux essentiels) sont, eux, pris en tenaille entre leur alliance militaire avec les États-Unis et leur partenariat commercial vital avec la Chine.


La carte mondiale des semi-conducteurs redessine les alliances et les conflits. Chaque nation joue ses cartes pour sa souveraineté dans une course à l'armement invisible, dont l'issue déterminera l'équilibre des forces de demain.


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