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L’instrumentalisation politique du véganisme

  • Carla Davailleau
  • 8 sept.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 15 sept.

Longtemps perçus comme une radicalité ou un « truc de bobo », le végétarisme, le végétalisme ou encore le véganisme sont désormais des régimes alimentaires de plus en plus populaires dans une société où le clivage entre défenseurs des animaux et défenseurs de la viande se fait de plus en plus marqué...Mais le véganisme c’est quoi ? Comment est-il devenu un outil politique ? Comment est-il parfois détourné en faveur des grands lobbyistes de la viande ?


© Envato / LightFieldStudios
© Envato / LightFieldStudios

Le véganisme, c’est quoi ?


Par définition, le véganisme se traduit comme un mode de vie alliant une alimentation exclusive par les végétaux (végétalisme) et le refus de consommer tout produit (vêtements, chaussures, cosmétiques...) issu des animaux ou de leur exploitation. C’est un concept qui s’inscrit dans un soucis d’éthique animale, de réponse aux enjeux environnementaux et de bénéfices pour la santé.


Les recherches montrent que la conversion à ce mode de vie provient la plupart du temps à la suite d’un choc moral causé par exemple par la vision d’images de l’exploitation animale. Être végan, c’est partir du postulat que toute exploitation animale est moralement inadmissible car les animaux ont des droits et spécifiquement celui d’être traité avec respect.


Outre l’émergence du véganisme, on observe également ces dernières années une montée de « défenseurs de la viande » regroupant notamment des lobbys de la viande et des syndicats d’exploitants agricoles. La multiplication de débats passionnés autour du véganisme conduit inévitablement ce concept à devenir un objet politique dont chaque parti se sert à son avantage.


Le véganisme comme outil politique


Considérer le véganisme uniquement comme un régime alimentaire revient à ignorer ses revendications sociales et politiques. Effectivement, ce n’est pas seulement un choix individuel, c’est un effort collectif partant d’une volonté profonde de changer les comportements de consommations et de protéger les autres êtres vivants.


On parle de véganisme comme outil politique dans un premier temps pour promouvoir des changements sociaux et environnementaux : il s’agit de se prononcer contre toute forme d’exploitation animale. En effet, face à la lenteur de réaction des grandes entreprises et des États par exemple en matière de réchauffement climatique, les changements de modes de vie comme le véganisme s’apparentent à une forme de militantisme.


Modifier notre manière de consommer est un des moyens les plus efficaces pour influencer les entreprises et ainsi créer une « pression écologique ». Aujourd’hui, l’ensemble des régimes alimentaires comme le véganisme et le végétarisme sont une manière d’exprimer ses revendications dans des débats plus larges comme la justice sociale et les droits des animaux.


Veganwashing et récupération politique


En connaissant les réels fondements du véganisme, apprendre que des entreprises comme Fleury Michon ou Herta se mettent à faire des nuggets végétaux peut sonner comme ironique. Pourtant, comme chaque mouvement de lutte sociale, le véganisme est sujet à de la récupération politique et à ce que l’on nomme : le « veganwashing ».


À l’instar du greenwashing, le veganwashing représente une entreprise, un État ou une association faisant la promotion du véganisme pas pour des raisons environnementales ou éthiques mais pour redorer son image.


Né en Israël, ce concept dénonce l’hypocrisie de la réappropriation par certains du véganisme. L’État d’Israël étant en effet pointé comme le pionnier du veganwashing, notamment dans le domaine militaire, après avoir proposé à ses membres des vêtements et une alimentation véganes, faisant d’elle « l’armée la plus éthique du monde ».


Le veganwashing se développe aussi chez les grandes entreprises et, alors que la proportion de véganisme en Occident va de 0,5 à 1%, on peut se demander d’où viennent toutes ces alternatives véganes dans nos rayons de supermarché. Herta, géant de la charcuterie industrielle, fait 99% de son chiffre d’affaires sur des produits animaux. Pour une telle entreprise, lancer une gamme végétale ne part donc pas d’une volonté de réduire la part de viande dans son activité, mais s’apparente plutôt à un veganwashing visant à améliorer son image.


Ainsi, l’émergence du véganisme a rapidement été rendu politique, notamment car c’est un mode de vie qui revendique des positions sociales claires et une réelle volonté de changer la société. Réel moyen de manifestation en faveur des animaux et du respect de l’environnement, sa place dans la société se fait grandissante, au point de déclencher des dérives comme le « veganwashing », qui est néanmoins la preuve d’un impact non négligeable.



Sources :


Reporterre, Justine Guitton-Boussion, 2024. Veganwashing [en ligne]. Disponible sur https://reporterre.net/Tesla-en-cuir-de-pomme-Nutella-vegetal-quand-marques-et-Etats-instrumentalisent-le-veganisme [consulté le 7 septembre 2025]


France Info, Mathieu Dehlinger, 2014. Le véganisme est souvent un engagement politique [en ligne]. Disponible sur https://www.franceinfo.fr/societe/le-veganisme-est-souvent-un-engagement-politique_559877.html [consulté le 7 septembre 2025]


Campus Animaliste, Alexandre Chennevière, 2025. Végétarisme, végétalisme et véganisme : une pratique ancienne ou une simple mode issue du « wokisme » ? [en ligne]. Disponible sur https://campus-animaliste.fr/2025/03/07/vegetarisme-vegetalisme-et-veganisme-une-pratique-ancienne-ou-une-simple-mode-issue-du-wokisme/ [consulté le 7 septembre 2025]



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