Taxer les plus riches : est-ce vraiment la meilleure solution ?

Arnaud Del Socorro
22 sept.
4 min de lecture

Voilà un sujet on ne peut plus clivant… polémique même… et pourtant, l’objectif de cet article est précisément d’apporter des pistes de réflexion pour permettre individuellement de développer de manière argumentée son opinion personnelle. En effet, chacun d'entre nous possède des affinités différentes avec la question des taxes et de l’argent, pilier du fonctionnement d’une société où le pouvoir d’achat est la préoccupation première de ses citoyens...

La Taxe Zucman

Alors, pour comprendre cette proposition de taxation, quoi de mieux que de prendre exemple de la « Taxe Zucman » pour y voir plus clair.

Il s’agit d’une « proposition d’impôt plancher ciblant le patrimoine des plus hauts revenus » en France. En clair, elle a été établie par Gabriel Zucman, un professeur à l’ENS (École normale supérieure) et président de l’Observatoire fiscal de l’Union européenne. L’idée centrale est donc la taxation des « ultra riches » c’est-à-dire précisément une « taxation additionnelle sur les patrimoines qui dépassent les 100 millions d’euros sur le total des impôts déjà acquittés représentant moins de 2% de ce patrimoine ». Ce qui est visé est la régulation de « l’optimisation fiscale » des classes sociales les plus riches pouvant parfois payer proportionnellement moins d’impôts que les autres classes moins favorisées. Ce phénomène d’inégalité fiscale ou de non proportionnalité face à l’impôt a été fortement dénoncé par la sphère politique de gauche mais peine à faire l’unanimité à travers l’intégralité de l’échiquier politique. Pour cause, la loi Zucman présentant cette taxe sur les hauts patrimoines, soit pour environ 1 800 foyers, a été votée à l'Assemblée nationale à la majorité mais a été rejetée par le Sénat en juin 2025. Elle continue malgré tout de faire débat dans l’opinion publique. D’après les hypothèses réalisées, le rendement de cette taxe serait d’environ « 20 milliards d’euros par an » supplémentaires pour l’État, les 500 plus grandes fortunes françaises représentants aujourd’hui 42% du PIB soit 1 200 milliards d’euros.

Maintenant que nous avons entraperçu le contexte plus précis, voyons les arguments développés pour et contre la taxation des plus riches, les plus riches représentants donc majoritairement les grandes fortunes en France, notamment des milliardaires et chefs d’entreprise du CAC 40 par exemple ou même les détenteurs d’un haut patrimoine immobilier ou financier. Cela ne représenterait donc qu’une partie ciblée voire infime de la population puisque rappelons-le, seul 1% des Français gagnent plus de 10 000 euros par mois. D’ailleurs, d’après les données de la Banque de France, la part des 10% les plus riches en patrimoine représentent 50% de la richesse nationale malgré une diminution.

Un soutien pour l’application de l’imposition pour les plus riches…

Du côté de la « gauche » sur l’échiquier politique, l’argument en faveur de la taxation des plus riches repose essentiellement sur l’idée de justice sociale. En effet, la non-proportionnalité des impôts payés entre classes sociales en France doit être corrigée pour permettre un apaisement du climat social tendu dans le pays. L’idée de « lutte des classes » comme défini par l’économiste et philosophe allemand Karl Marx semble être toujours défendue par cette sphère politique dans un pays où les inégalités demeurent et l’aspect compétitif faisant naître surpassement de soi et travail assidu mais également représailles et jalousie est amené à dominer l’opinion publique, d’autant plus dans un climat d’individualisation massive des citoyens au cœur d’une société atomisée où chaque individu devient un atome dissocié des autres…

… remis en cause par l’opposition face aux impositions pour les plus riches

Du côté de la « droite » sur l’échiquier politique, l’argument développé en opposition à la taxation des plus riches est l’idée « d’exode fiscal massif » qui résulterait d’un tel impôt supplémentaire pour une partie visée de la population nationale. Les grandes fortunes se sentiraient considérées en France et partiraient s’installer dans des pays européens voisins disposant de conditions fiscales plus avantageuses avec moins d’imposition sur la fortune ou sur le patrimoine en général. À cela peut s’ajouter les théories économiques comme la « théorie du ruissellement » considérant que les revenus réalisés par les plus riches profitent par ruissellement aux classes les plus défavorisées en bout de chaîne. Cette théorie apparaît notamment en politique sous le libéralisme économique avec Ronald Reagan aux Etats-Unis ou encore Margaret Thatcher au Royaume-Uni et a été reprise par Emmanuel Macron en France.

Un avis à se construire soi-même

Bref, la question n’est pas de prendre parti pour l’un ou l’autre camp politique, la politique n’étant d’ailleurs pas faite pour s’opposer ou se bloquer mais bien pour apprendre à coopérer malgré des opinions divergentes, mais bien de faire preuve d’esprit critique et de se placer au-dessus des débats primaires afin de prendre du recul et percevoir le meilleur compromis à réaliser, chaque théorie ayant ses limites et ses faiblesses…

Évidemment, certaines décisions doivent être prises sans trancher ou accorder de privilèges pour les uns ou les autres mais l’idée reste celle-ci : dans un pays où le taux d’imposition est le plus élevé de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), est-il pertinent d’ajouter de nouvelles impositions même si celles-ci ne touchent qu’une partie des citoyens français aussi infimes soit-elle, ou bien ces nouvelles taxes sont l’espoir d’une vraie justice sociale symbole d’équité entre citoyens ? C’est désormais à vous de trancher…

Sources :

Public Sénat, mis à jour le 12/09/2025. Taxe Zucman : quels sont les arguments pour, et les arguments contre ? [en ligne]. Disponible sur: https://www.publicsenat.fr/actualites/economie/taxe-zucman-quels-sont-les-arguments-pour-et-les-arguments-contre [consulté le 14/09/2025].